LA CIRCULATION DES SIGNES  ET DU SENS

DE REVOLUTIONIBUS ORBIUM POEMATIBUS

 

Percevons-nous de la même manière un texte - un poème - si il est inscrit sur du papier ou un écran, dans le granit, ou l’acier, dans un panneau publicitaire urbain, sur la peau d’un danseur, le mur d’un musée ou celui d’une banque, dans le métro de Tokyo ou une ruelle de Palerme? Cette interrogation, celle de l’influence du support, de l’outil, et du contexte sur l’appréhension du poème est au cœur de l’œuvre de Jean-Sébastien Leblond-Duniach.

 

L’œuvre s’apparente à un système héliocentrique, ce que souligne  l’inscription récurrente De revolutionibus orbium poematibus, clin d’œil au De revolutionibus orbium coelestium copernicien.

Au cœur de l’œuvre donc, le vers et la poésie lisible (adjointe des textes manifestes). Gravitant autour, en cercles concentriques (à l’image des sphères armillaires) le langage qui s’offre à saisir par tous les sens. Poèmes visuels originaux et sonores d’abord, puis poèmes et média vidéo, installations  (simples, sonores,  vidéo ou multimédia).  Le dernier cercle, celui du poème en acte, regroupe poèmes-action, créations scéniques et  interactives.

 

Les poèmes visuels originaux se répartissent en six principaux domaines. Ceux des signes imprimés (Poèmes Typographiques), tracés (Poèmes Calligraphiques), confrontés à la couleur et à la matière (De Vulgari Eloquio), les domaines du livre (Ecce Liber) et de l’outil (Deus Ex Machina). Le sixième domaine est celui de l’hybridation des formes et des moyens : Hic Sunt Dracones.

 

Un vers, un signe, un objet iconique peuvent ainsi circuler comme autant  de particules linguistiques, depuis le centre du champ poétique, et en parcourir les orbes. Pour exemple (cf. Schéma  ci-contre), la frappe d’une machine à écrire contribue à la réalisation de poèmes Mécaniques (Typogrammes) dont certains se glissent dans diverses œuvres De Vulgari Eloquio. Les marteaux de la machine à écrire apparaissent dans des poèmes Deus  Ex Machina, le son des frappes dans des poèmes (ou médias) sonores, tandis que le mouvement de percution figure dans des créations vidéo. Et les médias ainsi produits de participer de dispositifs d’installations (sonores, vidéo ou multimédia), de créations scéniques...

 

Ainsi, le cheminement, le lien entre les œuvres (une narration) s’avèrent prépondérants, comme c’est le cas pour les poèmes en prose au sein des recueils. Sans cesse, des signes voyagent depuis le centre du champ poétique, avant que d’y retourner, enrichis par les périgrinations, et de nouveau prendre part à la composition poèmes en prose.

Les œuvres entrent toutes en résonance. Elles se répondent comme autant d’échos. Elles dialoguent et organisent une circulation incessante du sens et de l’émotion poétique.